Une alerte info sur mon smartphone mercredi midi... je lis "fusillade à Charlie Hebdo"... Je crois d'abord à une bonne blague qu'ils nous font pour le nouvel an, une nouvelle moisson de ces dessins hilarants dont ils ont le secret...
Puis de minute en minute, les noms tombent... Cabu... Wolinski... Tignous... Charb... puis dix, puis onze, puis douze noms ! C'est comme si j'entendais les corps tomber, l'impact des balles dans mon cœur. Des lumières s'éteignent, un grand pan de mon enfance et de ma jeunesse vient de basculer soudainement. Et c'est pour toujours...
Après la stupeur du choc, le silence m'envahit, les mots ne manquent. Puis c'est l'amertume, suivie de l'indignation. Moi qui pleure de plus en plus rarement, bénéfice de l'âge certainement, je réprime des sanglots, qui sont presque des gémissements de bête blessée. Le grand Duduche est mort...
C'est l'enfance et l'innocence qu'on a attaquées. Leurs seules armes étaient un crayon et le sens de l'humour. On a tué des gamins indisciplinés qui dessinent pour provoquer, pour illustrer quelques bulles insolentes, afin que nous ne devenions pas des moutons ! Pour qu'un peu de nous garde cette part d'enfance, cette fibre qui questionne le réel, qui cherche la vérité, qui prône la liberté de conscience ! Ils ont tué un jeune de 80 ans et un jeune de 76 ans, de vrais rebelles, des insoumis, des hommes libres ! Libres dans leur cœur, libres dans leur tête.
Pour que nos valeurs républicaines ne soient pas mises à mal, pour que l'on ne se trompe pas de responsables, pour que la peur ne guide pas nos choix, pour que nos chemins soient éclairés par un désir de paix, d'unité et de fraternité, les autres administrateurs/trices se joignent à moi pour soutenir Charlie Hebdo et la liberté de la presse.
Claude et le conseil d'administration