LE MONDE | 22.06.06 | 15h03
Comment livrer son expérience de père homosexuel, à un an de l'élection présidentielle et alors que le Parti socialiste a inscrit l'homoparentalité dans son projet pour 2007 ? Comme un ballon d'essai aux lecteurs, qui sont aussi des électeurs.
Mieux qu'un sondage, l'ouvrage de Christophe Girard suscite des réactions en tout genre et en direct : "Un patron m'appelle parce que sa fille est lesbienne et veut pratiquer l'insémination artificielle ; un homo immigré me remercie de lui donner un peu d'air... Ces derniers jours, trois femmes m'ont même proposé que je sois le père de leur enfant !", s'exclame l'adjoint à la culture du maire de Paris, Bertrand Delanoë.
Une mine pour Ségolène Royal, qui travaille avec M. Girard sur ces questions et se dit prête aujourd'hui à porter une telle réforme, sans brusquer l'opinion.
Le livre sort au bon moment. Fin 1998, M. Delanoë, alors sénateur, avait fait son coming out en révélant son homosexualité, avant d'entrer en campagne pour les élections municipales. Aujourd'hui, M. Girard, passé des Verts au PS, lève un nouveau tabou en livrant un témoignage, sobre, de sa relation avec son fils, né d'une aventure avec une femme au début des années 1980.
L'ouvrage a été largement médiatisé. Claire Chazal l'a présenté à la fin du journal télévisé, sur TF1, un dimanche soir. Cerise sur le gâteau, un groupe de 289 parlementaires (UMP et quelques UDF, comme le porte-parole François Sauvadet) a réagi en dénonçant une "apologie de l'homoparentalité". Merci de raviver le clivage droite-gauche, leur répond Christophe Girard, qui a toutefois reçu "un petit mot sympathique de Nicolas Sarkozy".
Au-delà du récit personnel, M. Girard affirme que l'égalité sexuelle, loin d'être une préoccupation de nantis, est un enjeu social (coup de coude à la gauche). Il observe ainsi des "régressions" et voit se développer "une nouvelle homophobie et une nouvelle misogynie, doctrinales (...), qui se propagent peut-être plus facilement encore dans les milieux défavorisés". "Quand verra-t-on la fin de ces bricolages pour avoir un enfant ?", s'interroge-t-il, en évoquant ces couples homosexuels qui partent à l'étranger pour pratiquer l'insémination artificielle ou avoir recours aux services d'une mère porteuse. C'est, selon lui, "la porte ouverte à la discrimination par l'argent, donc à l'injustice". L'école a un rôle à jouer en présentant aux élèves "les différents modèles sociaux et familiaux".
La famille doit être "réinventée". "Presque partout dans le monde, une grand-mère, des soeurs, une mère se partagent l'éducation des enfants sans que la figure masculine n'intervienne. Quel est cet obstacle invisible auquel sont confrontés les pères et leurs enfants ?" A chacun de "composer" sa famille, plaide Christophe Girard, qui a eu des enfants en tutelle.
Son compagnon "fait un peu figure d'oncle" pour son fils. "Juger d'emblée que ce modèle ne permet pas à l'enfant de s'épanouir est un peu rapide, un peu creux", dit-il. "De fait, les référents masculins/féminins sont partout, dans les journaux, à la télévision, dans les magasins, à l'école, sur le palier (...) Je considère que l'on doit habituer le plus possible les enfants à vivre aussi à l'extérieur du cercle familial", affirme M. Girard, qui lâche le mot : "pluriparentalité".
En annexe, il propose de modifier des articles du code civil, relatifs au mariage et à l'autorité parentale. "Ce qui changerait la vie" (clin d'oeil au slogan de François Mitterrand, en 1981).
M. Girard aurait-il envie de devenir, un jour, ministre des familles?
PÈRE COMME LES AUTRES de Christophe Girard. Hachette Littératures, 94 pages, 8 €.
Comment livrer son expérience de père homosexuel, à un an de l'élection présidentielle et alors que le Parti socialiste a inscrit l'homoparentalité dans son projet pour 2007 ? Comme un ballon d'essai aux lecteurs, qui sont aussi des électeurs.
Mieux qu'un sondage, l'ouvrage de Christophe Girard suscite des réactions en tout genre et en direct : "Un patron m'appelle parce que sa fille est lesbienne et veut pratiquer l'insémination artificielle ; un homo immigré me remercie de lui donner un peu d'air... Ces derniers jours, trois femmes m'ont même proposé que je sois le père de leur enfant !", s'exclame l'adjoint à la culture du maire de Paris, Bertrand Delanoë.
Une mine pour Ségolène Royal, qui travaille avec M. Girard sur ces questions et se dit prête aujourd'hui à porter une telle réforme, sans brusquer l'opinion.
Le livre sort au bon moment. Fin 1998, M. Delanoë, alors sénateur, avait fait son coming out en révélant son homosexualité, avant d'entrer en campagne pour les élections municipales. Aujourd'hui, M. Girard, passé des Verts au PS, lève un nouveau tabou en livrant un témoignage, sobre, de sa relation avec son fils, né d'une aventure avec une femme au début des années 1980.
L'ouvrage a été largement médiatisé. Claire Chazal l'a présenté à la fin du journal télévisé, sur TF1, un dimanche soir. Cerise sur le gâteau, un groupe de 289 parlementaires (UMP et quelques UDF, comme le porte-parole François Sauvadet) a réagi en dénonçant une "apologie de l'homoparentalité". Merci de raviver le clivage droite-gauche, leur répond Christophe Girard, qui a toutefois reçu "un petit mot sympathique de Nicolas Sarkozy".
Au-delà du récit personnel, M. Girard affirme que l'égalité sexuelle, loin d'être une préoccupation de nantis, est un enjeu social (coup de coude à la gauche). Il observe ainsi des "régressions" et voit se développer "une nouvelle homophobie et une nouvelle misogynie, doctrinales (...), qui se propagent peut-être plus facilement encore dans les milieux défavorisés". "Quand verra-t-on la fin de ces bricolages pour avoir un enfant ?", s'interroge-t-il, en évoquant ces couples homosexuels qui partent à l'étranger pour pratiquer l'insémination artificielle ou avoir recours aux services d'une mère porteuse. C'est, selon lui, "la porte ouverte à la discrimination par l'argent, donc à l'injustice". L'école a un rôle à jouer en présentant aux élèves "les différents modèles sociaux et familiaux".
La famille doit être "réinventée". "Presque partout dans le monde, une grand-mère, des soeurs, une mère se partagent l'éducation des enfants sans que la figure masculine n'intervienne. Quel est cet obstacle invisible auquel sont confrontés les pères et leurs enfants ?" A chacun de "composer" sa famille, plaide Christophe Girard, qui a eu des enfants en tutelle.
Son compagnon "fait un peu figure d'oncle" pour son fils. "Juger d'emblée que ce modèle ne permet pas à l'enfant de s'épanouir est un peu rapide, un peu creux", dit-il. "De fait, les référents masculins/féminins sont partout, dans les journaux, à la télévision, dans les magasins, à l'école, sur le palier (...) Je considère que l'on doit habituer le plus possible les enfants à vivre aussi à l'extérieur du cercle familial", affirme M. Girard, qui lâche le mot : "pluriparentalité".
En annexe, il propose de modifier des articles du code civil, relatifs au mariage et à l'autorité parentale. "Ce qui changerait la vie" (clin d'oeil au slogan de François Mitterrand, en 1981).
M. Girard aurait-il envie de devenir, un jour, ministre des familles?
PÈRE COMME LES AUTRES de Christophe Girard. Hachette Littératures, 94 pages, 8 €.
Clarisse Fabre
Article paru dans l'édition du 23.06.06
Article paru dans l'édition du 23.06.06
Commentaires
Merci pour ta visite et tes commentaires ça fait toujours bien plaisir passe quand tu veux ton blog est super bonne continuation et gros bisous à toi.
gaxuxaespagnola.skyblog.com
gaxuxaespagnola.boosterblog.com
J'ai lu dès sa sortie le livre de Christophe Girard "Père comme les autres". J'ai aimé son témoignage et je conseille à tous celles ou ceux qui sont contre l'homoparentalité de lire ce livre.
Merci Danièle pour votre intervention constructive.
Nous sommes allées sur votre blog et il nous a bien plu. Du coup nous vous avons ajoutée dans nos liens.
Bon courage pour votre combat, c'est avec l'aide de personnes comme vous que l'humanité avance!